Si je prends la plume aujourd'hui... enfin plutôt le clavier... c'est pour vider un trop plein. C'est limite overdose ce soir. Promis, une fois les vacances arrivées je vous écrirai des billets plus gais. Kezako ? Après une journée de boulot somme toute ordinaire, où j'ai passé plus de temps à tenter de fixer l'attention des gamins plutôt qu'à enseigner (c'est un combat quotidien dans le milieu où je travaille), je rêvais comme tous les soirs d'un repos bien mérité près de mon homme... Rien du tout ! Les dix dernières minutes avant la sortie des classes: patatras ! Nouvelle arrivée de nuages noirs dans un ciel déjà très morose. Mon élève placé en foyer me confie son envie de mourir "pour enfin avoir la paix" (je cite). Il a 8 ans... Déjà pas très enjoué, je me rapproche d'une petite fille de ma classe pour discuter de "petits" soucis rencontrés ces jours-ci. Cette élève d'habitude si enjouée a perdu son sourire depuis quelques temps. Elle souffre d'obésité et doit subir les moqueries incessantes de quelques autres. Elle ne mange plus, elle se laisse aller... Et moi je décide de prendre le taureau par les cornes car nos petites discussions d'interclasses n'ont pas eu raison de sa tristesse. La discussion avance... Les moqueries des autres ne sont pas la cause de son humeur actuelle... Les larmes pointent... Elle pleure ensuite à chaudes larmes... Délaissée par ses proches, elle pleure sa tante de 17 ans tuée il y a quelques mois dans une rixe (l'affaire avait fait les gros titres en avril-mai). Elle pleure... toute seule... Ses proches l'ont laissé avec sa détresse car ils ne s'entendaient pas au mieux avec la victime, sa mère sort tout juste d'un établissement psychiatrique... Personne ne m'a prévenu de la situation ni de la raison de son changement d'école (messieurs les recteurs et autres administratifs ont d'autres priorités visiblement !!). Ce soir, sur la route, c'est moi qui avait les larmes aux yeux... Assez de tant de misère, assez de tant de détresse, assez de voir ces enfants malheureux parce que les adultes ne s'en préoccupent plus. La coupe est pleine !!! Après une bonne nuit de sommeil, je reprendrai la route de l'école comme tous les jours... Jusqu'à quand ? Il ne se passe plus un jour sans l'appréhension du matin. Je me bats avec tout ça en essayant de ne pas y laisser trop de plumes ! Je me battrai demain pour résoudre d'autres problèmes. Mais ce soir j'ai besoin d'évacuer, j'ai besoin de souffler... J'ai peut-être besoin de pleurer aussi.